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INSTALLATION : NOS POSITIONS

L'installation, en livres noir et blanc

La mainmise des Jeunes Agriculteurs (JA*) sur l'installation est catastrophique. La Confédération paysanne l'a rappelé début juin 2012 à l'occasion du congrès de la section « jeunes » de la Fnsea, publiant un livre noir sur l'échec de la politique officielle d'installation, et un livre blanc portant ses propositions.

Militante à la Confédération paysanne, l'installation de nombreux paysans est un des objectifs de mon engagement et le slogan de la Conf', « Trois petites fermes valent mieux qu'une grande », est plus que jamais d'actualité. Partout en France, nous essayons de concrétiser ce slogan, en luttant contre la mainmise d'un seul syndicat, les Jeunes Agriculteurs, sur le nouveau parcours à l'installation. Le respect du pluralisme syndical est essentiel dans une démocratie et cela me semble surprenant qu'aujourd'hui encore il faille le rappeler et se battre pour tenter de l'imposer.

Les JA* considèrent que l'installation est leur chasse gardée. Les associations de formation et de développement portées par la Confédération paysanne et membres du réseau Fadear (1) sont pourtant des plus actives : elles organisent des « cafés installation », accompagnent des projets, permettent la rencontre de cédants et de repreneurs, organisent des formations spécifiques...
Lorsqu'elles accompagnent des « petits projets », sans faire de bruit, ça passe ; mais si elles ont la prétention d'aider de nombreux porteurs de projets, si elles souhaitent intégrer les dispositifs existants en étant candidates pour être conseiller dans le parcours professionnel personnalisé (PPP*) , et si en plus elles réclament des subventions au même titre que les autres organisations travaillant à l'installation, alors là, c'est la guerre déclarée ! Les attaques pleuvent, méprisantes, surtout pour les porteurs de projets qualifiés d'« atypiques », « pas de vrais agriculteurs », « qui ne resteront pas dans le métier », « qui n'ont pas besoin d'aides tellement leur projet est petit », etc.

La Confédération Paysanne a décidé de réagir. L'idée, suggérée en Dordogne par deux candidats à l'installation, va permettre de recueillir les témoignages de porteurs de projet et de nouveaux installés, de synthétiser tout le travail de la commission « installation » de la Confédération et d'enfin tirer le bilan du PPP* que le ministère ne veut pas dévoiler.
Mais pourquoi donc le rapport doit-il rester secret ? Pour protéger qui ? Pour permettre aux JA* de donner des chiffres de nouveaux installés complètement farfelus ? Pour cacher les chiffres de l'utilisation de l'argent public ? Nous ne pouvions plus rester muets. « La vie touche à sa fin le jour où nous nous taisons alors que nous aurions dû parler », disait Martin Luther King.

En moins de deux mois, les témoignages sont remontés du terrain, nombreux, effarants. Un premier chapitre sur l'échec des politiques d'installation, un deuxième sur le manque de neutralité et de transparence dans le parcours à l'installation : le livre noir est là. Il lui faut alors un livre blanc : il reprend les propositions de la Confédération paysanne pour faciliter l'installation de paysans nombreux, et propose une boite à outils pour les porteurs de projets veulent entrer dans le parcours officiel à l'installation et accéder à la DJA* (dotation jeune agriculteur).

L'objectif : adresser les deux livres à la presse en trois étapes, à la veille et pendant le congrès des JA*, tenu à Dijon du 5 au 7 juin. Ça a marché : pendant les trois jours, la presse agricole a repris nos communiqués et publié les livres, les JA* ont été obligés de répondre et de se légitimer : pour une fois, l'installation n'était plus leur monopole… Leur nouveau président a osé déclarer : « Je veux rappeler que la légitimité sur le dossier de l'installation ne se décrète pas. Nous n'avons pas à rougir, ni à nous justifier de nos travaux, et nous allons nous battre pour que nous puissions toujours continuer à tenir notre rang ». C'est sur ce point que la Confédération Paysanne a tapé fort, le syndicat JA* doit se justifier du bilan de l'installation, puisque c'est son bilan !

Que vont devenir ces livres noir et blanc de l'installation ? Ils doivent être un outil syndical pour la campagne des élections aux chambres d'agriculture, mais aussi et surtout pour aider de nouveaux paysans à s'installer, en les informant sur leurs droits. Il est juste né, et sa belle vie d'objet militant commence.

Michèle Roux, paysanne en Dordogne
et membre de la commission nationale « installation »

Les livres noirs et blancs de l'installation sont téléchargeables dans la colonne de droite.

(1) Fédération des associations pour le développement de l'emploi agricole et rural (Fadear) : www.fadear.org
(2)La France agricole, 6/6/2012

 

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