Home > Actualités > la fin des paysans, c'est fini!
Partager sur :
SYNDICALISME
14.11.2016

la fin des paysans, c'est fini!

14.11.2016 -
Nous vivons dans une période étrange, de crises multiples, structurelles ou conjoncturelles. La disparition voulue et annoncée des paysannes et des paysans est sans doute une des raisons principales de ces crises. Dans tous les pays sur la planète, à un rythme plus ou moins rapide, s'imposent ou tentent de s'imposer les « agrimanagers » et les fermes-usines. Nous, paysans, secteur primaire de l'économie, nous sommes le fondement de toute société, la trame du tissu social des territoires, les fournisseurs de la nourriture, les gardiens de la qualité de l'eau, de l'air, de la fertilité des sols, du maintien d'une grande biodiversité. Une civilisation sans paysan perd ses racines, devient aseptisée, polymérisée et bétonnée. Alors, quand un paysan s'arrête, victime de la crise, quand un paysan ne transmet pas sa ferme, c'est un drame, pas seulement pour elle, pour lui, pour eux, mais aussi pour nous tous : nous perdons un voisin, une voisine, nous perdons une parcelle d'humanité.

On nous dit : « Quand on est syndicaliste, il faut savoir prendre du recul ». Je veux bien, mais aujourd'hui, j'ai plutôt envie de prendre une loupe, de regarder de près des images de la vie au risque d'être touchée.
Je vois alors une bande de jeunes ; on les appelle les zadistes. Attention, ils sont en train de créer un autre monde. Pensez : ils organisent des « non-marchés »  à côté du vieux monde où le marché est roi ; ils aident les réfugiés à l'heure où nos pays d'Europe expulsent ; ils s'installent paysans dans une zone expropriée ! Le 8 octobre, ils ont accueilli une fois encorea des milliers de personnes venues les soutenir.

A y voir de plus près, je vois aussi une courbe, pas celle du chômage mais la courbe du nombre de paysans. Des chercheurs de l'Inra** nous ont montré qu'elle commence à stagner et même à frémir et à remonter. La fin des paysans, c'est fini !


Et je vois plein d'autres choses encore, tels ces citoyens de toutes conditions sociales, heureux sur un marché (celui de Montreuil et celui de Bagnolet, organisés les 15 et 16 octobre par les Amis de la Confédération paysanne) et qui nous interpellent :  « Nous les pauvres de la ville, c'est pas tous les jours comme aujourd'hui que nous avons droit à de bons produits ! »

Les exemples sont nombreux qui nous montrent que le nouveau monde est déjà là. Mais il ne poussera pas sans l'entêtement et les luttes de la Confédération paysanne et de ses partenaires, des paysans espagnols du syndicat COAG dont le secrétariat national de la Confédération paysanne a rencontré les dirigeants le 19 octobre à Madrid, à ceux de Belgique qui luttent avec nous contre la ferme-usine des Mille vaches de Drucat, dans la Somme, à tous les représentants des organisations animant à nos côtés, fin octobre, les Rencontres nationales des agricultures, et à tous les paysans et autres citoyens que nous nous apprêtons à rencontrer dans quelques jours à Cluj, en Roumanie, pour Nyeleni 2016, forum social européen destiné à promouvoir la souveraineté alimentaire.
Avec tous nos alliés, nous sommes nombreux et l'avenir redevient possible.


Michèle Roux,
paysanne en Dordogne,
secrétaire nationale de la Confédération paysanne

extrait du journal de la Confédération Paysanne Campagnes solidaires N°322, novembre 2016


Crédits photos : Samson
CAMPAGNES SOLIDAIRES
TROUVEZ UNE CONF'
NOUS CONTACTER Confédération Paysanne Nouvelle-Aquitaine
72 rue Camille Girault - 86180 BUXEROLLES - 05.49.51.03.13